Ces figures emblématiques, souvent suivies par des millions d'abonnés, exercent une influence considérable sur les tendances de consommation, façonnant les choix et les comportements des utilisateurs. Cependant, derrière l'écran, quelles sont les pratiques commerciales réellement adoptées par ces acteurs du monde numérique ?
Une analyse sans concession de la Commission Européenne
Le 14 février dernier, la Commission européenne, en collaboration avec les autorités nationales de protection des consommateurs de 22 États membres de l'Union européenne, ainsi que de la Norvège et de l'Islande, a dévoilé les résultats percutants de l'opération "Coup de Balai". Cette initiative visait à examiner de près les publications des influenceurs sur les principales plateformes de médias sociaux, dans le but d'évaluer leur conformité aux normes de transparence et de protection des consommateurs établies par le droit de l'Union européenne.
Les chiffres issus de cette analyse sont édifiants : sur un échantillon de 576 influenceurs examinés, une écrasante majorité, soit 97 %, ont été identifiés comme publiant du contenu à caractère commercial. Cependant, seuls 20 % d'entre eux ont systématiquement signalé que ces publications étaient en réalité de la publicité, révélant ainsi un déficit important en termes de transparence.
De manière tout aussi préoccupante, il apparaît que 78 % des influenceurs examinés exerçaient une activité commerciale, qu'il s'agisse de promouvoir des produits ou des services en partenariat avec des marques ou de commercialiser leurs propres produits. Cependant, seulement 36 % de ces influenceurs étaient enregistrés en tant que professionnels au niveau national, soulevant ainsi des questions quant à la conformité de leur statut vis-à-vis des réglementations fiscales et commerciales en vigueur.
Parmi les lacunes les plus flagrantes, 30 % des influenceurs analysés ont omis de fournir toute coordonnée d'entreprise dans leurs publications, ce qui limite la traçabilité et la responsabilité en cas de litige. De plus, seuls 38 % ont utilisé correctement les mentions de plateforme destinées à signaler des contenus commerciaux, tandis que 40 % n'ont pas rendu le signalement immédiatement visible, potentiellement au détriment de la clarté pour les consommateurs.
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Les prochaines étapes
Face à ces constats révélateurs, la Commission européenne a décidé de prendre des mesures concrètes. Tout d'abord, 358 influenceurs seront soumis à une enquête approfondie par les autorités nationales de protection des consommateurs, avec la possibilité de sanctions en cas de non-respect des obligations légales. Parallèlement, la Commission examinera les résultats de l'opération "Coup de Balai" à la lumière des obligations juridiques des plateformes numériques, en vue de renforcer les mesures d'exécution et de surveillance si nécessaire.
Ces révélations soulignent qu’il est impératif que les influenceurs, en tant qu'acteurs majeurs de l'économie numérique, se conforment aux obligations légales en matière de contenu publicitaire.