À moins de 100 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques 2024, le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) est visé par une plainte pour avoir favorisé une agence de communication.

Le mardi 9 avril 2024, Sylvain Boyer, concepteur à l’origine de l’emblème de la compétition, a saisi le parquet national financier (PNF).

Publié le 
10/6/2024
À moins de 100 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques 2024, le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) est visé par une plainte pour avoir favorisé une agence de communication.

La plainte vise des faits de « favoritisme, trafic d’influence, contrefaçon et recel ».

Le marché de la conception de l’emblème

En 2019, Sylvain Boyer remportait un marché dédié à la conception de l’emblème olympique, évalué à près de 1 million d’euros pour une durée prévisionnelle de quatre ans en cas de renouvellement annuel.

Toutefois, une fois l’emblème conçu, la société de Sylvain Boyer et son partenaire ont été informés par le COJOP, en janvier 2020, que le marché ne serait pas renouvelé au-delà de la première année.

À ce titre, le COJOP avait expliqué qu’il ne renouvellerait pas le contrat en invoquant l’existence d’un nouveau marché élargi. Plus précisément, le comité justifiait sa décision au regard de « l’évolution des besoins de Paris 2024 » et de son souhait d’internaliser les missions relatives au marché.

Or, le Comité publiait en parallèle, un appel d’offres pour un nouveau marché « création et développement des identités visuelles des marques, labels et assets », marché qui reprend, selon le plaignant, une partie des missions qui lui était attribuée auparavant.

Au surplus, en raison des critères de sélection imposés par le comité, Sylvain Boyer n’a pas pu postuler à l’appel d’offres. Le marché a finalement été remporté par la société W&Cie, filiale du groupe Havas, et Havas Sports & Entertainment.

Les raisons de la plainte

Selon, le concepteur du désormais célèbre emblème des jeux, son entreprise, ainsi que celle de son partenaire, ont été écartées frauduleusement au profit de l’agence W&Cie. De tels soupçons découlent notamment d’un SMS reçu de la part d’une personne - restée anonyme - évoluant sur le marché du design français et proche de plusieurs collaborateurs de la société W&Cie, qui laisse entendre que le COJOP retiendrait la proposition d’emblème de Sylvain Boyer mais que sa création serait ensuite déployée par W&Cie.


Par ailleurs, M.Boyer avance également une violation de son droit de paternité sur l’emblème qu’il a créé. Selon lui, sa contribution à l’identité visuelle de l’emblème n’a pas assez été mis en avant par le COJOP.

« Le Cojop m’a empêché de communiquer librement sur mon rôle dans le processus créatif de cet emblème, dont je suis l’auteur »

s’exprime à ce titre, M.Boyer.


Il critique également

« le comportement de l’agence W&Cie, qui a énormément communiqué en maintenant un flou et une ambiguïté constants sur la création de l’emblème. Cela a été fait avec la permission du Cojop ».


La réponse du Cojop

Les dirigeants de W&Cie réfutent de telles accusations et estiment qu’il s’agit de :

« science-fiction ».


Dans une réponse adressée au journal Le Monde, le comité d’organisation, quant à lui, dit « ne pas comprendre l’objet de cette plainte » et s’étonne également du calendrier de la plainte, celle-ci étant formulée à quelques mois des JO et portant sur des faits qui ont désormais quatre ans d’ancienneté.

En tout état de cause, la plainte est en cours d’analyse par le PNF, avant une éventuelle ouverture d’enquête.

Pour information, à ce jour, le COJOP fait l’objet de quatre enquêtes préliminaires du PNF, notamment pour des faits de « favoritisme » et « prise illégale d’intérêts ».

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