Ces associations l’accusent de pratiques commerciales trompeuses et de non-conformité aux nouvelles réglementations européennes.
La plateforme Temu, acteur majeur du e-commerce aux pratiques commerciales jugées douteuses
Arrivée en Europe il y a à peine un an, Temu est aujourd’hui devenue un acteur majeur du e-commerce avec 75 millions d’utilisateurs mensuels sur le continent européen. Le succès de la plateforme repose sur la vente de millions de produits, allant des cosmétiques aux ustensiles de cuisine, en passant par des jouets et des vêtements, à des prix imbattables.
Cependant, derrière ce succès se cachent des pratiques commerciales jugées douteuses par plusieurs associations européennes de consommateurs, dont l’association française UFC-Que choisir.
Ces dernières reprochent notamment à Temu d’afficher des prix inexacts et de dissimuler volontairement des informations essentielles sur les produits.
En ce sens, en octobre 2023, l’association italienne Altroconsumo a révélé que sur 13 produits cosmétiques testés, 9 ne mentionnaient pas ou seulement partiellement la liste des ingrédients.
Les nouvelles obligations imposées par le DSA
Or, depuis février 2024, le règlement européen sur les services numériques (DSA) impose de nouvelles obligations aux plateformes numériques pour protéger les consommateurs. Il interdit notamment les interfaces trompeuses et exige une plus grande transparence sur les algorithmes de ciblage.
Début 2024, la fédération allemande de défense des consommateurs a accusé Temu de manipuler les avis sur les produits et de fausser les réductions de prix, ce qui a conduit à des modifications limitées au marché allemand.
Face à ces constats, l’UFC-Que Choisir avec l'appui de 16 autres associations européennes membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), a déposé une plainte auprès de l’ARCOM en s’appuyant sur le DSA.
Leur objectif est de contraindre Temu à respecter pleinement ses obligations légales et à améliorer la transparence de ses pratiques.
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Les infractions reprochées à Temu par les associations de consommateurs
Les associations reprochent à Temu plusieurs infractions majeures.
Traçabilité insuffisante des vendeurs
Les consommateurs doivent savoir à qui ils achètent et qui contacter en cas de problème, mais Temu ne fournit pas cette information de manière adéquate. Le BEUC indique que la plateforme chinoise :
« omet souvent de fournir aux consommateurs des informations cruciales sur les vendeurs des produits et n’est donc pas en mesure d’indiquer si le produit répond aux exigences de l’UE en matière de sécurité des produits ».
Transparence des systèmes de recommandation
Temu n'expliquerait pas clairement le fonctionnement de ses systèmes de recommandation et les critères de sélection des produits.
Sécurité des mineurs
Selon ces associations, Temu ne conditionne pas l’accès au service à une vérification d’âge, mettant en danger la sécurité des utilisateurs mineurs.
Techniques manipulatrices
Par ailleurs, les plaignantes estiment que Temu utilise des techniques de manipulation, appelées "dark patterns" avec notamment l'utilisation de faux compteurs de temps visant à créer un sentiment d’urgence pour obtenir des produits appartenant à des stocks prétendument limités.
Pour la première fois sous l’égide du DSA, l’UFC-Que choisir et le BEUC espèrent mettre fin aux infractions de Temu par rapport à la réglementation européenne.
Le BEUC a notamment affirmé que :
« Temu enfreint le règlement de l’UE sur les services numériques et doit maintenant faire l’objet d’une enquête de la part des autorités ».
La réponse de Temu
La plateforme de e-commerce a toutefois répondu qu'elle prenait cette plainte très au sérieux et qu'elle allait l'étudier de façon approfondie. Elle a ajouté que :
« Nous nous engageons à faire preuve de transparence et à respecter complètement toutes les lois et réglementations applicables ».
Cette action en justice marque un tournant dans la régulation des plateformes de commerce en ligne, soulignant l’importance de la transparence et de la protection des consommateurs dans l’ère numérique.
La suite de cette affaire sera scrutée de près par les acteurs du e-commerce et les régulateurs européens.