TikTok a en effet été soumis, à l’occasion des élections européennes, à un test réalisé par l’ONG britannique Global Witness.
Des fausses publicités pour les élections européennes
L’ONG avait créé à cette occasion 16 publicités destinées au public irlandais contenant certaines informations erronées sur les élections.
Elles comportaient notamment de fausses allégations sur des prétendues violences susceptibles d’entraver le déroulement des élections, incitant ainsi les destinataires à ne pas aller voter ou des informations erronées sur les modalités de vote (sur la possibilité de voter par mail par exemple ou sur l’augmentation de l’âge légal du vote à 21 ans).
Le test visait trois plateformes sur lesquelles ont été publiés ces contenus : Tiktok, Youtube et X.
- TikTok : a approuvé la mise en ligne des 16 publicités.
- YouTube : a bloqué 14 des 16 publicités.
- X (anciennement Twitter) : a filtré toutes les publicités et suspendu les faux comptes.
Selon Henri Peck, chargé de campagne chez Global Witness Tiktok a :
« lamentablement échoué à ce test »
La réaction de Tiktok
Tiktok impute ce manque de vigilance à une « erreur humaine » de l’un de ses modérateurs et affirme avoir corrigé le dysfonctionnement.
Le réseau social avait pourtant pris des engagements, au mois de février, pour lutter contre la désinformation. 2 milliards de dollars devaient être investis à travers le monde dans cette perspective.
Selon deux analystes en cybersécurité, Maxime Arquillière et Coline Chavane :
« Il y a une volonté de Tiktok de s'afficher comme un réseau social fiable, à l'inverse de X qui, depuis les déboires d'Elon Musk, tombe un peu dans la désinformation. Ou, en tout cas, enlève toutes les barrières qui étaient mises en place par l'ancienne équipe sur les questions de désinformations ».
Les résultats de ce test vont sans aucun doute compromettre la stratégie du réseau social.
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Le cadre réglementaire et législatif
Le cadre normatif est de plus en plus strict et tend à responsabiliser les plateformes dans la lutte contre la désinformation.
L’Union européenne a publié au début de cette année des lignes directrices dans le cadre du règlement sur les services numériques (DSA). Aux termes de ces lignes directrices, les grandes plateformes doivent prendre des mesures pour réduire les risques d’interférence dans les scrutins.
La Commission européenne considère que
« La désinformation et la manipulation de l’information sont l’un des problèmes les plus pressants auquel l’Union européenne et ses États membres doivent s’attaquer. »
Parmi les dangers que la désinformation sur les réseaux sociaux crée, elle note que :
« La désinformation, ainsi que la manipulation de l’information et l’ingérence étrangères constituent une menace grave pour nos sociétés. Elles peuvent fragiliser les institutions et les processus démocratiques (tels que les élections) en empêchant les citoyens de prendre des décisions en connaissance de cause ou en les dissuadant de voter. Elles peuvent en outre polariser les sociétés en opposant les communautés les unes aux autres. »
Les perspectives d'avenir
L'incident met en lumière la nécessité d'une action continue et concertée pour lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux.
Alors que les plateformes jouent un rôle très important dans les élections, il devient de plus en plus crucial de s'assurer qu'elles prennent des mesures adéquates pour protéger leurs utilisateurs contre les contenus trompeurs.
L'échec de TikTok à ce test de désinformation souligne les défis persistants que pose la gestion de l'information en ligne.