Cette mesure a pour objectif de protéger l’industrie européenne d’une concurrence jugée déloyale.
Le soutien apporté par le régime chinois aux véhicules importés
En effet, actuellement, les voitures électriques de marque chinoise représentent un quart des ventes de véhicules électriques neufs en Europe, alors qu'en 2020, elles ne détenaient que 3,9 % du marché.
La Chine, ayant fait de ce secteur une priorité stratégique, lui a apporté un soutien considérable. Ce soutien s’est notamment manifesté par d’importantes subventions, contrairement aux entreprises européennes.
« La concurrence doit être loyale. Nous n’avions pas d’autre choix que d’agir face à la montée en flèche des importations de véhicules électriques lourdement subventionnés en provenance de Chine. Notre industrie risque de subir un préjudice »
assure Valdis Dombrovskis, commissaire européen.
L’augmentation des droits de douane
Ainsi, la Commission européenne a annoncé que les importations de véhicules électriques chinois se verraient dorénavant imposées entre 27 et 48% de droits de douane, selon les cas, contre 10% actuellement.
Le taux en question peut être ajusté pour les industriels capables d’apporter la preuve qu’ils perçoivent moins de soutiens publics. C’est notamment le cas de BYD et Geely dont les taux seront respectivement de 17,4% et 20%.
Pour le moment ces taux sont provisoires. Toutefois, ils pourraient devenir définitifs si aucune solution n’est trouvée entre la Commission et les autorités chinoises.
Le communiqué de la Commission du 12 juin précise que :
« Si les discussions avec les autorités chinoises n'aboutissaient pas à une solution efficace, ces droits compensateurs provisoires seraient introduits à partir du 4 juillet par une garantie(dont la forme sera décidée par les douanes de chaque Etat membre). Ils ne seraient perçus que si des droits définitifs sont institués»
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Un accueil mitigé chez les pays européens
Si cette mesure est accueillie favorablement par la France, l’Espagne et l’Italie, d’autres pays européens s’inquiètent quant à eux, des conséquences de sa mise en œuvre.
A ce stade de la procédure, les États membres n’ont pas les moyens de bloquer la décision de la Commission. Néanmoins, si cette mesure s’impose de manière définitive, les Etats membres pourraient, sous réserve d’une majorité qualifiée, s’y opposer.
Les inquiétudes de l’Allemagne et de la Suède ne semblent pas infondées dans la mesure où la réponse de Pékin ne s’est pas fait attendre. En effet, le gouvernement chinois a immédiatement averti qu’il
« prendra résolument toutes les mesures nécessaires pour fermement défendre les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises ».
Les représailles chinoises
A ce titre, ces dernières semaines, la presse officielle évoquait des mesures de rétorsion contre le porc et les produits laitiers, ou encore l’aéronautique et les grosses cylindrées.
Plus encore, Pékin serait entré en contact avec plusieurs pays producteurs de produits laitiers avec lesquels le pays a signé un accord de libre-échange. En ce sens, ils se sont vu demander s’ils avaient la capacité d’augmenter leur production dans l’hypothèse où Pékin choisirait de frapper ce secteur.
Implicitement, Pékin laisse entendre qu’elle pourrait priver les Européens des matières premières stratégiques nécessaires à leurs transitions vers une économie verte et numérique.
Suite à l’institution de droits provisoires, Bruxelles dispose de quatre mois pour imposer des droits définitifs, ouvrant ainsi une période de dialogue jusqu’en novembre 2023.