Un accord secret sur le ciblage des mineurs
Dans une enquête publiée le 8 août, le journal Financial Times a révélé que Alphabet, la maison-mère de Google et Youtube, ainsi que Meta, maison-mère de Facebook et Instagram, auraient conclu un accord dans l’objectif de diffuser des publicités sur la plateforme Youtube, destinées à inciter les mineurs à rejoindre le réseau social Instagram, alors même que les règles de Google interdisent le ciblage publicitaire des jeunes de moins de 18 ans.
Selon les informations recueillies par le quotidien, Meta aurait sollicité les services de Spark Foundry, filiale américaine du groupe publicitaire français Publicis, afin de lancer une campagne promotionnelle pilote au Canada en début d’année.
Ce programme a également été mené aux Etats-Unis en mai et devait être étendu à d’autres pays. Il a néanmoins été interrompu, en raison de l’enquête menée à son égard.
Un ciblage dissimulé
Afin de contourner la règle de Google interdisant le ciblage promotionnel des personnes de moins de 18 ans, la campagne publicitaire a été adressée à une catégorie d'utilisateurs de Google dénommée « unknown » ( ou inconnu en français).
Cette catégorie regroupe les utilisateurs de Google dont l’identification n’a pas pu être établie (sexe, âge, profession…). Or, le moteur de recherche disposait de données permettant d’établir avec suffisamment de certitude que ces utilisateurs inconnus étaient en réalité des personnes mineures.
Google a depuis déclaré que cette campagne n’avait pas été conçue aux fins de cibler directement les adolescents. Le Financial Times rapporte néanmoins avoir consulté des échanges entre Google et Spark Foundry, identifiant les 13-17 ans comme le public visé par cette publicité.
Le célèbre moteur de recherche a indiqué prendre des mesures supplémentaires afin de rappeler à ses représentants commerciaux l’importance du respect des politiques relatives aux annonces publicitaires.
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Meta en perte de vitesse chez les adolescents
Ces révélations interviennent dans un contexte de difficulté pour Instagram auprès des adolescents. De plus en plus délaissé par ce public, Meta concentre depuis plusieurs années ses campagnes publicitaires sur les mineurs qui se tournent plus volontiers vers des réseaux sociaux comme le français BeReal ou le chinois TikTok.
Ce ne serait, par ailleurs, pas la première fois que Meta serait épinglée pour ces pratiques conduites à l’égard des mineurs.
Plusieurs actions ont en effet été introduites à son encontre, notamment en raison des risques addictifs provoqués chez les jeunes ou encore, aux Etats-Unis, où il est reproché à Meta son défaut de protection des enfants face à la prolifération de réseaux pédopornographiques.