Cette initiative s’inscrit dans un contexte de tensions grandissantes entre les médias traditionnels et les plateformes d’intelligence artificielle qui exploitent des informations publiées en ligne pour enrichir leurs modèles de réponse.
Des accusations de violation des droits d'auteur
Perplexity AI est accusée d’avoir extrait et intégré dans son modèle d’intelligence artificielle des articles publiés par le Wall Street Journal et le New York Post sans obtenir de licence préalable, ce qui violerait les droits des éditeurs. Selon News Corp, cette pratique revient à « piller » les articles sans compensation pour les créateurs du contenu.
Les entreprises de presse dénoncent une absence de respect des droits d'auteur, un problème auquel sont également confrontés d'autres grands éditeurs américains face aux IA génératives. Ce type d’utilisation soulève des interrogations sur la manière dont les plateformes IA accèdent aux informations et les restituent aux utilisateurs.
La recherche d'un nouveau modèle économique pour les médias
Pour les médias, cette situation soulève des questions d'ordre économique. Alors que les revenus publicitaires traditionnels diminuent, les éditeurs cherchent à monétiser leurs contenus dans un environnement numérique en pleine transformation. Les récentes actions en justice contre Perplexity AI et, auparavant, contre des géants comme OpenAI et Microsoft illustrent un besoin de réglementation dans l’écosystème des IA génératives, qui utilisent de plus en plus de contenus médiatiques pour affiner les réponses de ses modèles.
News Corp et d’autres acteurs du secteur souhaitent obtenir des compensations financières, arguant que l’utilisation non autorisée de leurs articles sape leur modèle économique.
Vers une obligation de licence d'utilisation ?
Face aux revendications de la presse, certains experts suggèrent que l'instauration d’une licence obligatoire pourrait être une solution viable pour équilibrer les intérêts des éditeurs et ceux des entreprises technologiques. Ce modèle a déjà été adopté en Australie où des lois contraignent les plateformes numériques à négocier avec les médias pour l’utilisation de leurs contenus.
En imposant un cadre de négociations, les éditeurs espèrent qu’il sera possible d’obtenir une rémunération juste et de préserver les ressources financières nécessaires à la production d’informations de qualité.
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Comparaison avec les litiges contre OpenAI et Microsoft
Les tensions actuelles rappellent les contentieux précédents avec OpenAI et Microsoft, également accusés par certains médias américains d'exploiter des contenus protégés pour former leurs IA sans accord préalable. Ces litiges témoignent d’une volonté croissante parmi les éditeurs : ils réclament une compensation financière et une transparence accrue dans l’utilisation de leurs contenus par des plateformes d’intelligence artificielle.
Si Perplexity AI venait à être reconnue coupable de violations de droits d’auteur, cela pourrait créer un précédent contraignant pour d'autres acteurs technologiques.
Un signal pour la presse européenne ?
Les actions entreprises par la presse américaine pourraient inspirer les éditeurs européens. En Europe, la Directive sur le droit d'auteur de 2019 accorde aux éditeurs des droits spécifiques sur leurs publications en ligne.
Certains acteurs européens pourraient alors s’appuyer sur ce cadre juridique pour exiger également des compensations de la part des plateformes IA, ce qui pourrait aboutir à une convergence des approches transatlantiques en matière de régulation.
Il est toutefois à noter que les éditeurs de presse français ont menacé, il y a peu de temps, les acteurs de l'IA de poursuites judiciaires si des négociations sur l'utilisation de leurs contenus n'étaient pas ouvertes sans que cela n'ait un réel impact.