Ils réclament au total plus d’un milliard d’euros à Google.
Le contexte de la procédure
Cette assignation, initiée par des acteurs majeurs du paysage médiatique français (7 groupes pour 22 sociétés au total), met en lumière les tensions croissantes entre les géants du numérique et les éditeurs de presse, particulièrement en ce qui concerne la domination du marché publicitaire par Google.
Les demandeurs estiment être victime d’un abus de position dominante de Google, impactant directement leur rentabilité et la diversité du marché.
Cette procédure fait écho aux pratiques de Google dans le domaine de la publicité en ligne, objet d’enquêtes ou de procédures au Royaume-Uni, dans l’UE ou encore aux États-Unis.
Une demande de réparation colossale
Cette action constitue le prolongement de la sanction de Google par l’Autorité de la concurrence, qui lui avait imposé, en juin 2021, une amende de 220 millions d’euros pour avoir favorisé ses propres services dans le secteur de la publicité en ligne, et exigé des engagements de réforme.
Marc Feuillée, directeur général du groupe Figaro, cité par Mind Media affirme que :
« Google a été clairement reconnu coupable de comportements anticoncurrentiels. L’Autorité de la concurrence a déclaré que Google a favorisé pendant des années ses propres solutions au détriment de celles de ses concurrents ».
Il estime que son groupe en a été « victime avec la solution technologique » qu’ils utilisent et cherche ainsi à « obtenir réparation ».
Les sept groupes réclament aujourd’hui une somme dépassant un milliard d’euros à Google pour compenser les pertes qu’ils considèrent avoir subies à cause de ces pratiques. Ils avancent que, si Google n'avait pas pratiqué des abus de position dominante, une répartition plus équitable des revenus aurait permis aux médias de mieux résister à la crise actuelle.
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Un écho à des actions internationales
Cette affaire en France s’inscrit dans un contexte plus large de régulation des géants du numérique. Aux États-Unis et en Europe, l'entreprise fait l'objet de multiples enquêtes et poursuites pour des pratiques similaires. Les médias français ne sont pas isolés dans cette démarche, et ces initiatives témoignent d'une attention croissante portée à l'influence des grandes entreprises sur le secteur.
Il faut toutefois remarquer que le Tribunal de l’Union européenne a, très récemment, annulé une amende infligée à Google par la Commission européenne pour abus de position dominante sur le marché de la publicité en ligne. Le Tribunal a considéré que la Commission n'avait pas suffisamment prouvé que les pratiques de Google avaient un impact anticoncurrentiel significatif.
Des discussions tendues entre médias et géants du numérique
Au-delà des considérations financières, cette action en justice soulève des questions cruciales pour l'avenir des médias. La viabilité des éditeurs de presse dépend largement des modalités de génération et de répartition des revenus publicitaires.
Cette viabilité dépend également des partenariats que concluront les médias avec des grandes entreprises du numérique, notamment celles spécialisées dans l’intelligence artificielle. Lorsque l’on constate qu’Open AI a refusé, il y a peu, d’entrer en négociations sur un accord global formulé par 220 éditeurs de presse français, il ne semble pas que les relations entre géants du numériques et éditeurs soient amenées à s'améliorer tout de suite.